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Petite sélection des expos de mai

par Melle Bon Plan
Publié : Mis à jour :

Ce mois-ci, nous irons à la rencontre des maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire au musée du Quai Branly. De là, direction la maison de Victor Hugo pour une exposition autour des merveilleux dessins du grand écrivain français et ceux d’un artiste suisse. Ensuite, nous vous emmènerons dans un de nos musées parisiens préférés, à la découverte du théâtre en Asie, puis dans une exposition gratuite de photos à Bercy Village.

Ensuite nous quitterons Paris pour la très jolie ville de Montbéliard qui met à l’honneur un peintre français méconnu, auteur de somptueux nus. Nous vous proposerons également une petite visite dans une abbaye royale en baie de Somme qui accueille une exposition foisonnante et passionnante autour des animaux. Enfin, de retour en Ile-de-France, nous irons flâner sur les pas de Van Gogh à Auvers-sur-Oise.

Albert André-Jacqueline lisant en robe de taffetas bleu

Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire au musée Branly

(par Sandrine)

La démarche est inédite : montrer, à travers un large panorama des sculptures de Côte d’Ivoire, la singularité de leur créateur. Sans occulter la dimension souvent sacrée de la plupart des objets présentés, l’exposition rappelle que l’art africain, au même titre que l’art occidental, est le fait d’artistes à part entière.

Masque gu avec cornes

La plupart des pièces présentées sont en bois. Elles proviennent des différentes régions de Côte d’Ivoire et datent du 19e siècle et du début du 20e siècle.Le visiteur part à la rencontre des sculpteurs regroupés par régions. Ces sculpteurs ont laissé derrière eux leur nom d’artiste : le Maître de la coiffure en crête de coq, le Maître des volumes arrondis, le Maître des mains en forme de pelle… On s’aperçoit face aux vitrines que chaque artiste possède effectivement sa propre patte.

On découvre aussi le Maître des sculptures en ivoire, créateur vers 1900 de manches de chasse mouches en ivoire. De quoi laisser rêveur…

En Afrique, la pratique artistique n’était pas pour autant un acte anodin. Comme le souligne Lorenz Homberger, co-commissaire de l’exposition, des artistes travaillaient « dans la forêt sacrée, à l’abri du regard des femmes et des non-initiés. La plupart du temps, en effet, la réalisation de masques était accompagnée d’interdits, nimbée de tabous. »

Alors quel était le statut de ces créateurs ? « Même si l’on ne peut pas parler de façon uniforme pour toutes les régions qui composent la Côte d’Ivoire, force est de constater que certains d’entre eux jouissaient d’un statut très privilégié. Chez les Dan, le sculpteur Sra était ainsi considéré comme un dieu à part entière et sa réputation rayonnait bien au-delà de son village. », poursuit Lorenz Homberger.

Masque avec animal (bélier)

Ma préférence va pour les sculpteurs Baoulé, qui restent les plus réputés du pays. Les objets en bois ornementés, voire en plaqué or, sont aujourd’hui encore des marques de prestige. Parmi les sculpteurs Baoulé présentés, on admirera les œuvres du Maître dit « de Kamer » : des masques entourés d’une bordure finement dentelée, témoignage d’un formidable savoir-faire.

Longtemps confinés dans l’anonymat par l’histoire de l’art occidentale, ces maîtres de la sculpture trouvent dans cette exposition un début de reconnaissance de leur savoir-faire artistique personnel.

Sommaire

Exposition Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire
Jusqu’au 26 juillet 2015
Musée Branly
Expositions temporaires de la galerie Jardin : tarif plein 9 € / tarif réduit 7 €

gratuit : le premier dimanche de chaque mois pour tous, pour les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires de minima sociaux, pour les – de 18 ans

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Louis Soutter – Victor Hugo Dessins parallèles
à la Maison de Victor Hugo

(par Sandrine)

La maison de Victor Hugo, place des Vosges, nous offre une fabuleuse exposition dont le titre tient toutes ses promesses. « Louis Soutter – Victor Hugo Dessins parallèles » a aussi un double mérite : rappeler aux non spécialistes à quel point le grand écrivain français était un dessinateur de talent et nous faire découvrir la figure singulière de Louis Soutter, artiste suisse placé à 52 ans dans un hospice pour vieillards.

Louis Soutter naît en 1871, Victor Hugo meurt en 1885. Leurs dessins, conçus à cent ans d’intervalle, présentent d’étonnantes résonances. Il y a d’abord ce goût commun pour l’encre. Ici le brun et le noir dominent. Les deux hommes partagent aussi certains thèmes comme les tours, les châteaux, les bourgs médiévaux. Avant d’étudier le violon au Conservatoire royal de Bruxelles, le jeune Louis Soutter s’était il est vrai d’abord consacré à l’architecture.

Louis Soutter, « Châteaux ruinés », [1923-1930] encre et plume sur papier Catalogue raisonné n° 329 V Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, acquisition, 1956, inv.77

Dans ses cahiers, l’artiste suisse évoque en outre explicitement les architectures imaginaires de Victor Hugo. Les dessins des deux artistes sont en effet des re-créations de leurs souvenirs de voyages consignés dans des carnets. Ni chez l’un ni chez l’autre, il ne s’agit de reproduire des paysages de façon précise.

La technique du lavis, employée par Victor Hugo, se prête d’ailleurs davantage aux débordements d’une rêverie ondulante qu’à la retranscription d’une réalité précise et figée. Mais c’est aussi leur propre condition humaine intérieure, avec toute sa noirceur et ses zones d’ombre, que les deux artistes projettent sur ces façades.

VILLE AU PONT ROMPU

Victor Hugo et Louis Soutter se retrouvent aussi autour des grandes épopées humaines. Dans son recueil de poèmes La Légende des siècles, Hugo dépeint l’histoire et l’évolution de l’Humanité à travers des visions. Certains dessins de Soutter sont comme un écho à ce « mur des siècles » contemplé par le poète. À La Trompette Du Jugement de Hugo répondent Les Trompettes du Ciel de Soutter.

« Je vis dans la nuée un clairon monstrueux.Et ce clairon semblait, au seuil profond des cieux,calme, attendre le souffle immense de l’archange. »
(Victor Hugo – La Légende des siècles)

En 1937, Louis Soutter a 66 ans. Il vit depuis 14 ans déjà dans un hospice pour vieillards. Ses mains sont déformées par l’arthrose. Ne pouvant plus tenir un crayon, il utilise ses doigts pour dessiner. Le corps souffrant intervient directement sur le papier et se donne à voir. C’est la période des très touchants « dessins aux doigts »  exposés dans la dernière salle.

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Victor Hugo, Taches avec empreintes de doigts, 1864-1865 encre brune et lavis étalé avec les doigts sur papier beige Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, © BnF

Victor Hugo aussi s’est essayé à cette méthode, mais davantage par expérimentation. La scénographie de l’exposition fait dialoguer directement les deux artistes grâce à une belle idée : certaines de leurs œuvres, mises à même échelle et dos à dos, se superposent en transparence. Deux artistes aux vies bien différentes, qu’un siècle sépare, sont ainsi réunis.

Exposition Louis Soutter – Victor Hugo Dessins parallèles
Jusqu’au 30 août 2015
Maison de Victor Hugo
6, place des Vosges 75004 Paris
Plein tarif : 7 € / Tarif réduit : 5 €

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Du Nô à Mata Hari, 2000 ans de théâtre en Asie au musée Guimet

(par Sandrine)

Balayer deux millénaires d’expression théâtrale sur le continent asiatique, l’exposition ne manque pas d’ambition. Le sujet pourrait rebuter, tant nous connaissons peu de choses sur ce théâtre très codifié. Mais comme l’explique Aurélie Samuel, co-commissaire, l’exposition a pour but justement de « donner les clés » pour le comprendre et possède comme formidables atouts des pièces somptueuses qui nous emportent immédiatement.

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En Asie, le théâtre est un art complet qui mêle jeu, mime, danse, chant et même acrobatie. Dénominateur commun à toutes ces formes d’art théâtral : la place prépondérante des masques et des costumes qui viennent combler l’absence de décor.

En Inde et en Asie du Sud-Est, le théâtre est inspiré des grandes épopées. Les costumes, qui font office de décor, doivent être le plus volumineux possible. Chaque couleur a une signification précise. Ainsi le vert est destiné aux héros, le rouge aux démons.

Costume de nô de type Iroiri-Karaori Japon, époque d’Edo (1603-1868), deuxième moitié du XVIIIe siècle. Soie brochée et brodée, lamelles de papier doré (kinran) et feuilles d’or (hirekin) 165 x 146 cm Paris, musée national des arts asiatiques – Guimet – MA 12619 (C) RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry OlliCostume RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Olli

Robe de cour à motifs de dragons et coiffe réservée aux lettres, grands aristocrates et premiers ministres pourvue d’ailettes (shamao) Chine, milieu du XIXe siècle Soie et fils métalliques Environ 170 x 300 cm Paris, Collection privée – ancienne collection Shi Pei Pu © Collection privée/ Image MNAAG-Artlys/ Photo Thierry Ollivier

Costume RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Olli

L’exposition fait évidemment la part belle à la Chine et au Japon, où un théâtre purement dramatique, de divertissement, s’est développé. Les costumes très élaborés ont un rôle essentiel puisqu’ils renseignent les spectateurs sur la nature et le statut social du personnage, l’endroit où il se trouve, la période de l’année.

Parmi les plus belles pièces présentées, on admirera les fabuleux costumes de l’Opéra de Pékin, sauvés de la destruction. Sous Mao, l’Opéra de Pékin avait été banni, les acteurs, massacrés ou envoyés en camps de rééducation et de nombreux costumes, brûlés.

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Masque de No Manbimarionette

Au Japon, deux arts scéniques dominent : le et le kabuki. Le nô est un théâtre classique, élitiste, qui se joue avec des masques plus petits que le visage et dont les costumes peuvent demander cinq ans de fabrication. Le kabuki est un théâtre populaire et joyeux, dont les représentations peuvent se dérouler sur une journée entière.

Loin d’être seulement destiné aux enfants, le théâtre de marionnettes et d’ombres occupe une place importante dans l’exposition. Marionnettes articulées, figurines découpées dans du cuir… l’exposition donne à voir un large éventail de cet art scénique à part entière.

Des marionnettes justement, il y en a eu le 13 mars 1905 dans la bibliothèque du musée Guimet. Ce jour-là, Émile Guimet, fondateur du musée, invite Margaretha Zelle, une jeune femme néerlandaise revenue des Indes orientales, à venir exécuter quelques danses exotiques, ainsi qu’à faire une démonstration de marionnettes de wayang kulit. Sous un couvert scientifique, il ne s’agit ni plus ni moins de faire le buzz.

Se manifestant sous les apparences d’une princesse javanaise très légèrement vêtue, la jeune femme danse en rendant soi-disant hommage au dieu Shiva. Les spectateurs s’enflamment, on racontera que la jolie danseuse a terminé nue. C’est faux, mais peu importe. C’est un joli coup de pub, tant pour le musée que pour la danseuse, dont le nom de scène se répand comme une traînée de poudre : Mata Hari.

En marge de l’exposition, le musée Guimet propose une foule de documentaires, spectacles et rencontres qui permettent de mieux appréhender le théâtre en Asie. J’ai noté :

  • Vendredi 5 et samedi 6 juin à 20h30 : Melattur Bhagavata Mela

Le Bhagavata Mela de Melattur, l’une des rares formes survivantes de théâtre de temple, est le seul lien actuel qui nous relie à l’ancien théâtre sanscrit dans le Tamil Nadu. Sa tradition est née il y a 400 ans. Dix-sept artistes seront sur scène pour un spectacle joué très exceptionnellement hors de l’enceinte du temple.

Exposition Du Nô à mata hari, 2000 ans de théâtre en Asie
Jusqu’au 31 août 2015
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna, 75116 Paris
Billet jumelé exposition temporaire et collections permanentes :
Plein tarif : 9,50€ Tarif réduit 7€
Audio guide en 8 langues pour les collections permanentes : gratuit
Chaque premier dimanche du mois, l’accès aux collections permanentes est gratuit (l’entrée aux expositions temporaires reste payant)

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Magnum Photos investit Bercy Village

(par Melle Bon Plan)

Bercy Village accueille du 4 juin au 30 août l’exposition de photographie : « Magnum Photos, histoires de portraits », dans les passages couverts de Bercy Village.

On pourra y découvrir une vingtaine de clichés de trois photographes emblématiques de l’agence Magnum Photos, Philippe Halsman, Elliott Erwitt et Bruce Gilden, accompagnés des quarante portraits les plus réussis, réalisés lors de la journée « Picture yourself ».

A travers ces portraits, les trois photographes ouvrent une fenêtre sur la société depuis les années 1950 jusqu’au début des années 2000, souvent avec un brin d’humour.

Marilyn Monroe, New York City, USA, 1959Fernandel, New York City, USA, 1948 © Philippe Halsman / Magnum Photos

Exposition « Magnum Photos, histoires de portraits »
Bercy Village, dans les passages couverts
du 4 juin au 30 août 2015
accès libre et gratuit

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Albert André –Intimité d’un peintre réaliste au Musée du château des ducs de Wurtemberg

(par Sandrine)

Le Musée du château des ducs de Wurtemberg, à Montbéliard, nous offre l’occasion de découvrir l’oeuvre d’Albert André, un peintre français quelque peu tombé dans l’oubli (1869-1954). Intitulée « Intimité d’un peintre réaliste », l’exposition est axée sur les scènes d’intérieur et la vie du peintre, avec des nus qui m’ont beaucoup plu.

Lyonnais d’origine, Albert André est initié très tôt au dessin. Rapidement le jeune homme monte à Paris, où il s’inscrit à l’Académie Julian, une école privée de peinture et de sculpture. Il y fréquente de jeunes peintres rebelles qui deviendront célèbres sous le nom de Nabis, notamment Bonnard, Vuillard et Valloton, dont il s’inspire fortement à ses débuts. Des cadrages inédits très photographiques, une couleur pure « sortie du tube » de peinture, le « japonisme »… autant de moyens pour les Nabis de s’échapper de l’académisme et de revendiquer leur indépendance.

Albert-André-La-femme-en-bleu-Albert-Andre¦ü-1895-huile-sur-toile-coll-Muse¦üe-dart-sacre¦ü-du-Gard-de-Pont-Saint-EspritAlbert André-Dédé en chemise tombante, Albert André, 1918, huile sur papier marouflé sur toile, coll Musée d'art sacré du Gard de Pont-Saint-Esprit, DR

En 1895, le jeune Albert André participe au Salon des indépendants avec cinq toiles qui attirent l’œil d’Auguste Renoir et de celui de son marchand d’art, Paul-Durand Ruel. Malgré l’écart d’âge entre Albert André et Renoir, une solide amitié va les unir jusqu’à la mort du maître de l’impressionnisme en 1919.

Cette rencontre va orienter la carrière et la vie d’Albert André, qui participera à 200 expositions de son vivant, dont 50 organisées par Durand-Ruel. Par son intermédiaire, Albert André vendra beaucoup aux États-Unis : la majorité de ses 3 500 peintures et dessins se trouve aujourd’hui là-bas.

À Paris, Albert André fait la connaissance de la scène artistique parisienne. Ses tableaux sont l’occasion de replonger dans l’ambiance des vernissages de l’époque, comme celui de l’exposition Manet. L’artiste représente aussi les bourgeoises fréquentant la scène intellectuelle de l’époque.

L’épouse d’Albert André, Margueritte Cornillac dite Maleck, est décoratrice. Elle compte parmi ses clients Jeanne Bourgeois, dite Mistinguett, et le Moulin-Rouge. Le couple, installé boulevard Rochechouart, reçoit des compositeurs, des critiques d’art et des peintres tels que Monet et Pissaro.

Maleck embauche une jeune femme née en 1904 à Belfort, Jacqueline Brétégnier, pour confectionner des costumes de théâtre. Jacqueline restera finalement trente ans aux côtés du couple, devenant l’égérie d’Albert André. On la découvre tout au long de sa carrière, dans des scènes de la vie quotidienne, posant inlassablement.

Peu à peu Albert André développe son propre style. Il revient aux volumes, à la perspective et s’attache au réalisme. Il s’intéresse aux intérieurs avec un regard contemplatif, représente des femmes au regard dérobé et se concentre particulièrement sur les nus, toujours pudiques. Dans ses femmes enlevant leurs bas, on reconnaît notamment l’influence de Degas et de Toulouse-Lautrec. Ses nus, très beaux, l’accompagneront toute sa vie.

Albert André Torse de femme nue, 1935 Huile sur toile 54,8 x 46,2 cm Collection Musées de Montbéliard Dépôt du Musée d’Orsay Photo : Pierre GuenatAlbert André Jacqueline lisant, corsage rayé rouge, 1935 Huile sur toile 65,5 x 55 cm Collection Musées de Montbéliard Dépôt du Musée d’Orsay Photo : Pierre Guenat

Cette intimité révélée par l’exposition donne aussi à voir l’amitié entre Albert André et Renoir, qui a débuté en 1895 lorsque Renoir le remarque au Salon des indépendants. Dès lors, ils se fréquenteront très souvent. Ce sont des échanges incessants, des correspondances nourries. Renoir, qui souffre de rhumatismes, s’est installé avec sa famille en 1903 à Cagnes-sur-Mer, le climat de la région étant censé être plus favorable à son état de santé.

Albert Albert lui rend visite, devenant alors, comme Renoir l’appelle, son « compagnon de solitude ». Renoir choisit Albert André pour être le parrain de son troisième fils. Et l’incite à accepter le poste de conservateur du musée de Bagnols-sur-Cèze : « Ça a été le rêve de ma vie, acceptez ». Albert André devient le conservateur de ce musée en 1918. Renoir lui offre des peintures et des dessins, Valloton, Pissaro, Signac entre autres font de même. Le musée de Bagnols-sur-Cèze devient le premier musée d’art contemporain de province.

Albert André s’attelle à rédiger la biographie de Renoir, la seule écrite de son vivant, qui paraît en 1919. De Cagnes, Renoir remercie Albert André pour sa préface : « En lisant votre préface je n’y ai vu qu’une chose, c’est écrit avec de l’amitié. Tout le monde ne peut en dire autant. Vous me voyez au travers de vapeurs roses et dorées mais vous me voyez ainsi. » (Sources : http://www.germaindion.com/2015/03/21/renoir-par-lui-meme/
http://www.grandpalais.fr/sites/default/files/spip/1916.pdf).

Albert André-Nu au fond mauve, Albert André, 1912, huile sur toile, Coll Muse¦üe Albert André de Bagnols-sur-Cèze, DRAlbert André L'anglaise à la robe rouge, 1926 Huile sur toile 84,5 x 50 cm Collection Musée Albert André de Bagnols-sur-Cèze Droits réservés

Albert et Maleck André n’avaient pas d’enfant. En 1946, ils adoptent Jacqueline Brétégnier qui devient Jacqueline André. C’est une façon de préserver l’œuvre d’Albert André et d’éviter qu’elle ne soit dispersée. Albert André meurt en 1954.

Jacqueline André devient alors conservatrice du musée de Bagnols sur Cèze. Elle disait de lui : « Je dois tout à Albert André et c’est pourquoi tout doit lui revenir. » Peintre elle-même sous le nom d’artiste de Jacqueline Bret-André, elle s’est inscrite dans la tradition familiale et s’est efforcée toute sa vie durant de préserver et de faire connaître l’œuvre de celui qui, tant de fois sur ses tableaux, l’avait immortalisée. Immortelle, elle l’était presque, puisqu’elle a vécu jusqu’à l’âge de 101 ans.

chateau-de-montbeliard30©ot-pays-de-montbeliard

Le château des ducs de Wurtemberg rappelle que Montbéliard n’est français que depuis 1793. Pour en savoir plus sur cette ville protestante, direction l’Hôtel Beurnier-Rossel, édifié au 18e siècle, qui abrite justement le musée d’Art et d’Histoire.

Le premier étage accueille la reconstitution d’un intérieur bourgeois. On y admire des meubles richement marquetés du célèbre ébéniste montbéliardais Abraham-Nicolas Couleru. Le deuxième étage est consacré à l’histoire des traditions du Pays de Montbéliard.

Bureau-de-pente-Abraham-Nicolas-Couleru-1750-1774-coll-Musée-dart-et-dhistoire-Hotel-Beurnier-Rossel-Montbéliard-photo-Pierre-Guenatviolon-jouet-à-musique-1880-1900-fabrique-LEpée-coll-Musée-dart-et-dhistoire-Hotel-Beurnier-Rossel-Montbéliard-photo-Pierre-Guenat

337_980.11.01, boîte à musique, vers 1860, fabrique L'Epée, coll Musée d'art et d'histoire Hotel Beurnier-Rossel, Montbéliard, photo Pierre Guenat

On y découvre des tas d’objets passionnants qui donnent à voir les particularités régionales : des bonnets à diairi (coiffe locale) dont s’ornaient les femmes, mais aussi de l’orfèvrerie luthérienne. Les combles abritent une collection étonnante de boîtes à musique fabriquées par l’usine L’Épée de Sainte-Suzanne, petit village situé à côté de Montbéliard.

Bon à savoir : Montbéliard ne se trouve qu’à 2h30 en TGV de Paris !

Bonnet à diairi (détail), vers 1900, coll Musée d'art et d'histoire Hotel Beurnier-Rossel, Montbéliard, photo Bernard Goetz

Exposition Albert André – Intimité d’un peintre réaliste
Jusqu’au 27 septembre 2015
Musée du château des ducs de Wurtemberg – Montbéliard
De 10h à 12h et de 14h à 18h – Fermé le mardi, et le 1er mai
Entrée : 5 euros / Tarif groupes et étudiants : 3 euros
Entrée gratuite pour les moins de 12 ans, les personnes handicapées, ainsi que le 1er dimanche de chaque mois

 

Musée d’Art et d’Histoire – Hôtel Beurnier-Rossel
Saison haute (1er juillet au 3ème week-end de septembre (Journées du Patrimoine), période du marché de Noël), du mercredi au dimanche : 14 h – 18 h
Saison basse tous les samedis et dimanches : 14 h – 18 h
Plein tarif : 3 € / Tarif réduit : 2 €
Entrée gratuite pour les moins de 12 ans, les personnes handicapées, ainsi que le 1er dimanche de chaque mois

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Anima / Animal à l’Abbaye royale de Saint-Riquier

(par Sandrine)

De loin, on dirait le gisant d’un enfant en marbre blanc. En s’approchant, on découvre une créature hybride, de forme humaine, recouverte de plumes blanches. Cette œuvre saisissante de Lucy Glendinning présentée dans l’abbatiale de Saint-Riquier fait partie de l’exposition Anima Animal.

Comme l’explique son commissaire principal, Evelyne Artaud, l’œuvre est une invitation à poursuivre la visite dans le vaste espace d’exposition et les jardins de cette abbaye royale fondée en 625, labellisée Centre Culturel de Rencontre depuis 2012.

Featherchild 4 - Lucy Glendinning (4)

Interroger la place de l’animal en ce début de 21e siècle dans nos nos vies et nos imaginaires, tel est le thème de cette exposition qui regroupe une cinquantaine d’oeuvres de 29 artistes contemporains de diverses nationalités, dont certains ont travaillé sur place, en résidence.

affiche Anim@ AnimalArman (sculpture), Jacopo Baboni Schilingi (musique) La Vénus à Gonds, 2000, Bronze 74x90 cm Ensemble de Musique Interactive

Si chaque artiste propose évidemment un point de vue singulier et si l’animal n’est pas forcément le propos central de leur œuvre, on est tout de même frappé en parcourant l’exposition par l’absence de l’animal « vrai », à l’état sauvage, qui ne subsiste plus que dans l’imaginaire, remplacé par l’animal dompté et soumis.

L’animal mythique, fantasmé, continue de nourrir fortement l’imaginaire des hommes et, comme on le voit dans cette exposition, des artistes. Depuis la nuit des temps, l’homme représente les autres animaux, auxquels il confère parfois des pouvoirs surnaturels. De cet imaginaire surgissent des créatures hybrides qui, loin d’être nécessairement monstrueuses, tissent un lien entre « eux » et « nous ».

C’est ainsi que l’artiste britannique Lucy Glendinning crée des êtres à forme humaine recouverts de plumes dont se dégage paradoxalement une très grande humanité et pour lesquels on éprouve une grande empathie. Benoit Huot quant à lui produit des hybrides à partir d’animaux empaillés, sortes de totems chatoyants aux pouvoirs magiques.

Benoit Huot - Personnage assis avec renard - photo Bastien BulantBenoit Huot - Mariée noire - 2012 - technique mixte - 200 x 120 x 60 -® Yves Petit

Ce qui ressort de l’exposition, c’est l’absence de l’animal sauvage ou la représentation précisément de cette disparition. Il est vrai que l’habitat naturel de nombre d’espèces s’est réduit comme peau de chagrin et que les urbains que nous sommes pour la plupart n’ont plus guère l’occasion de côtoyer des animaux sauvages en liberté.

Dans Anima/animal, les œuvres donnent à voir un animal apprivoisé, dompté ou en danger d’extinction. Par exemple, on découvre ou redécouvre en vidéo le merveilleux travail du danseur-chorégraphe et ornithologue amateur Luc Petton, qui fait danser sa troupe avec des oiseaux apprivoisés.

Unkown Boy - Lucy Glendinning photo Bastien BulantNé d’une famille de réfugiés palestiniens, Sharif Waked nous raconte l’histoire d’un âne du zoo de Gaza peinturluré en zèbre, ridiculisé pour plaire aux visiteurs en mal de rayures, métaphore de la condition des Palestiniens à Gaza.

Dans Arche virtuelle, Ilias Poulos, dont l’œuvre interroge la mémoire fragmentaire, on peut voir des animaux et des populations en voie de disparition, mis sur le même plan.

En quittant l’espace d’exposition pour les jardins de l’abbaye, on découvre un dispositif interactif complexe composé d’un écran monté sur roues représentant un taureau. Dans cette oeuvre multimédia de Pascal Bauer intitulée Le Cercle, c’est bien la machine qui dompte et met en mouvement l’animal, lequel doit s’adapter à son environnement.

J’avoue, je serais bien restée plus longuement à essayer de tout comprendre de l’ingénieux dispositif, mais le temps était compté…

Ilias Poulos, Arche Virtuelle - Photo Bastien BulantPascal Bauer - Le CerclePlusieurs fois, les oiseaux sont présentés sous forme dématérialisée, fragmentaire. C’est le cas de la colonne de plumes de goélands qui forme Chevelure de Bérénice : Curiosity d’Isa Barbier, œuvre poétique dont la verticalité répond à celle extérieure de l’architecture de l’abbaye.

Ailleurs, l’oiseau est réduit à des sons, comme dans la Vénus à Gonds, installation interactive de Jacopo Baboni Schilingi autour d’une statue d’Arman. En ouvrant et en fermant les gonds équipés de capteurs de mouvement, le visiteur, invité à toucher l’œuvre, fait varier la musique conçue par le compositeur italien, ici à partir de sons d’oiseaux.

salle d'expo 2ème étage (4)Notre rapport contemporain à l’animal, c’est peut-être une œuvre photographique de l’artiste algérien Nourredine Ferroukhi qui le décrit le mieux : on y voit un mouton égorgé puis dépecé. L’animal est destiné à être consommé. Et dans les villes modernes, il se rencontre surtout sous cellophane, en supermarché. Anima/Animal… en perdant l’animal, perd-on notre âme ?

Sur le chemin du retour vers Paris, le long de la route aux bas-côtés jonchés de déchets plastiques, nulle trace de ruminants broutant dans les champs en cette journée de printemps, tout juste la silhouette fugace d’un lapin aperçue au loin. Effectivement, l’animal est en train de disparaître de nos radars.

À noter qu’en marge de l’exposition, une création du chorégraphe Luc Petton et de l’écrivain Pascal Quignard, fruit d’une résidence à l’Abbaye, sera proposée à l’automne prochain. Ce sera l’occasion de rendre hommage à Nithard, petit-fils de Charlemagne, abbé laïc de Saint-Riquier, soldat, chroniqueur et premier écrivain de langue française. Le moment promet d’être magique.

Exposition Anima / Animal
Jusqu’au 31 décembre 2015
Abbaye royale de Saint-Riquier
80135 Saint-Riquier
Ouvert tous les jours de 10h à 19h (et de 10h à 21h pendant le Festival)
Tarif plein : 4€ / Tarif réduit : 3€
Gratuité : détenteurs d’un abonnement pour les concerts du festival, étudiants, universitaires et enseignants d’arts plastiques ainsi que les moins de 16 ans

Accès :
Saint-Riquier est situé à 10 km d’Abbeville et à 25 km de la Baie de Somme
Abbeville est à 2 heures de Paris par l’autoroute
Abbeville est à 1h30 de Paris (ligne Paris-Calais) et à 30 minutes d’Amiens

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Sur les pas de Van Gogh à Auvers-sur-Oise

(par Melle Bon Plan)

Sur les pas de VG 2015Je vous en avais déjà parlé l’année dernière, mais je vous présente aujourd’hui la nouvelle saison culturelle d’Auvers-sur-Oise qui se tiendra cette année du 5 avril au 31 août 2015 et qui sera dédiée, encore une fois, à Vincent Van Gogh.

Le but de cette saison culturelle est d’attirer les touristes, mais aussi les Parisiens dans cette belle ville et cette « campagne gravement belle » comme disait Vincent.

Pour découvrir toutes les belles visites que vous pouvez faire lors d’une petite journée à Auvers-sur-Oise, je vous invite à aller jeter un coup d’oeil à l’article que j’avais écrit l’année dernière et que j’ai remis à jour pour vous donner toutes les clefs afin de vous rendre à Auvers-sur-Oise et surtout, pour vous donner l’envie d’aller faire un tour dans ce beau village chargé d’Histoire.

 

article écrit par Sandrine et Melle Bon Plan

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